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Les châteaux et demeures bourgeoises de l’agglomération stéphanoise
Conférence de Marc BONNEVILLE
mardi 30 janvier 2018
par FORAISON Christiane
popularité : 2%

Le 11 janvier, Marc BONNEVILLE nous a fait partager sa passion pour l’histoire des châteaux et maisons de maîtres dans la périphérie de St-Etienne.


De nombreuses photos que l’on peut retrouver sur le site bonneville.ccolonna.net ont été projetées pour illustrer ce riche patrimoine. Ce site comporte les photos de plus d’une centaine de demeures répertoriées par commune avec une fiche informative pour chacune d’entre elles.

La Villa Violette

Château de la Ferrière

Chalet du Maniquet

Le XIXème siècle constitue la grande période d’essor et de prospérité de St-Etienne, alors que de grandes fortunes se constituent dans les branches industrielles (métallurgie, textile, charbon et armement).

De nombreux immeubles de prestige sont édifiés. Mais cet essor se traduit aussi par un développement des résidences dans la périphérie stéphanoise en particulier entre 1830 et 1914.

Un certain nombre de villes françaises ont fait l’objet d’études sur les propriétés foncières possédées par les familles nobles et bourgeoises dans leur région entre le XVIIème et le XVIIIème siècle (Lyon, Toulouse, Paris…). St-Etienne, ville née tardivement de l’industrie, ne présente pas les mêmes composantes socio-économiques : pas de noblesse rentière (celle-ci étant plutôt forézienne), ni de bourgeoisie puissante au XVIIIème siècle et peu encore au début du XIXème siècle.

A cet égard, les deux premières dynamiques lyonnaises sont peu représentées en région stéphanoise.

En revanche, le prestige et la plaisance ont été les moteurs du développement dans cette région. Pour bien comprendre comment le système industriel stéphanois de l’époque a généré cette production, il convient d’analyser le fonctionnement des différentes branches en prenant compte de sa diversité.

  • Dès le 1er empire, les entrepreneurs d’armes, et en particulier la Manufacture d’armes, et les concessionnaires des mines, sont les premiers à investir dans la construction de châteaux, avant même les industriels du textile, car ils ont accumulé de grosses fortunes (par exemple la famille JOVIN propriétaire de multiples châteaux).
Château de la Chazotte

La Valencière

La Bertrandière

  • Les maîtres de forges sont en général moins représentés dans la périphérie. Ils ont édifié leur demeure à proximité immédiate de leur usine pour être au plus près de leur production. Le château constitue leur résidence principale.
  • Les fabricants de soieries et de rubans ont fourni la représentation la plus importante des promoteurs et acquéreurs de châteaux de la couronne stéphanoise : GIRON, COLCOMBET, EPITALON, BALAŸ, DAVID, DEVILLE, DESCOURS, DURAND, TYRODE….
Maison BALAY

Villa TYRODE

Château DURAND

  • D’autres branches d’activités : quincaillers, armuriers, verriers, teinturiers, chocolatiers, notaires, mécaniciens, ingénieurs des mines… Les représentants de la soierie dominent à l’Etrat, St-Priest-en-Jarez, St-Genest-Lerpt. Les autres communes présentent une plus grande diversité de branches économiques avec parfois des spécialités locales (présence de mines).
La Roare

Le Minois

  • Les pratiques particulières des fabricants de soieries : Cette catégorie d’industriels ou négociants a joué un rôle essentiel dans la construction, dans la diffusion de modèles d’architectures et de pratiques sociales :

- Jusque vers 1830-48, ce système fonctionne de façon traditionnelle : la majeure partie de la production est faite par des passementiers qui travaillent pour les fabricants. La production est disséminée dans la ville et sa proche couronne, mais le fabricant est localisé en centre ville. Les résidences des fabricants ne sont pas éloignées des immeubles de leurs recettes. Ils logent dans de beaux immeubles des rues Mi-Carême, Royale (rue de la République) et le quartier de l’actuelle place Jacquard.

- A partir de 1848-50, comme dans la soierie lyonnaise, les fabricants éprouvent le besoin d’augmenter leur production pour développer leurs marchés, en particulier vers l’étranger. Ils construisent donc des usines mécanisées soit dans la ville soit dans la campagne stéphanoise et de Haute-Loire via les usines pensionnats. La plupart optent pour une double résidence, l’hiver dans les quartiers de résidence urbaine traditionnelle et l’été dans des résidences dans les communes de la proche périphérie où sont implantées les usines.

- L’évolution du système de production a ainsi généré une recomposition et une dissociation spatio-temporelle concomitantes des fonctions industrielles et résidentielles. Cette dissociation s’est faite dans l’espace : St-Etienne pour les fonctions de conception, commerciales et de direction et à la campagne pour la production (moulinage, tissage, teinture). Les lieux de résidence sont aussi séparés : logement principal en ville dans les beaux quartiers et résidences campagnarde dans les couronnes périphériques.

- Cela correspond à une dissociation dans le temps : l’hiver à la ville et l’été au château.

La diversification des attentes sociales (1890-1914)

Dans cette période, on observe alors une grande diversité des origines économiques et sociales des promoteurs de maisons : professions libérales, notaires, chef d’entreprises, banquiers… Cela souligne la diversification des activités économiques mais également la recherche de résidences pour accéder au prestige et satisfaire le désir d’ostentation. Cependant, tous ne disposent pas toujours de moyens financiers importants et leurs maisons sont souvent plus modestes.

Apparaît aussi une autre conception de la résidence, celle de la villégiature. On passe ainsi du prestige à l’agrément (ou les deux !). De nouvelles valeurs apparaissent : loisir, détente, sport, voire dépaysement. Pour ce faire, des nouveaux lieux d’implantation sont privilégiés notamment sur les bords de Loire ou à la campagne.

Ces transformations ont des effets sur les conceptions architecturales. Aux châteaux et maisons de maître, s’ajoute le modèle de villa.

Typo-morphologie complexe : châteaux, maisons de maître et villas

La dénomination de « château » est souvent celle utilisée et appropriée par les habitants des communes. Ce sont des constructions de grandes dimensions, avec souvent une architecture remarquable, accompagnées de parc important, de clôtures marquées, de dépendances ou communs. Ils correspondent à une période avant 1880 mais avec des exceptions notables.

Les « maisons de maître » sont des édifices de la période 1830-1914, moins importants, souvent inspirés par des références architecturales plus simples et parfois plus récentes.

La « villa » est plus modeste et plus récente (après 1880) avec une conception qui évoque la villégiature.

Diversité des styles

La construction de châteaux ou maisons de maître répond une volonté d’affichage ostentatoire de la réussite sociale de la nouvelle bourgeoisie industrielle. Elle se fait d’abord avant 1880 dans des styles néo-historiques puis de 1880 à 1918 dans des formes et des styles beaucoup plus variés. Elle ne correspond pas forcément à l’architecture du territoire. Elle emprunte aux styles et modes (catalogues et revues spécialisées avec un répertoire de modèles), adaptée par les architectes aux goûts et budgets de leurs clients.

Cette diversité s’exprime par la coexistence de styles tout à fait différents et cela va s’accentuer entre 1890 et 1920. Elle s’exprime aussi par une tendance à associer les styles différents dans une composition hybride.

Il est difficile de trouver des sources pour analyser ces styles : difficultés pour identifier les architectes, trouver les plans ou les autorisations de construire sauf dans le cas d’édifices réalisés par les LAMAIZIERE. Certains fonds de paysagistes ont apporté des informations intéressantes y compris sur les bâtiments. Les rencontres avec un certain nombre de propriétaires et de témoins ont permis d’obtenir des informations précieuses.

Essai de typologie

  • Les châteaux anciens relookés Certains châteaux ont été édifiés avant 1830 mais ont fait l’objet de reconstructions, d’ajouts ou de « rhabillage ».
La Valencière

La Bertrandière

La Merlée

  • Les châteaux néo-historiques On peut distinguer des styles dits « historiques » ou néo-historiques, c’est-à dire gréco-antique, médiéval, néo-gothique, Renaissance, Louis XIII, classique… Ils sont associés parfois à une hybridation surprenante, dans ce qu’on appelle l’éclectisme avec tours et tourelles, lucarnes, loggias, pierres de taille… L’hybridation provient souvent d’une construction en plusieurs périodes.
La Bruyère

Valjoly

Le Roule

Maison BALAY

La Mure

La Gouyonnière

  • Les demeures des « gentlemen farmer » Une architecture souvent pittoresque inspirée des pavillons des communs avec murs en briques, pans de bois et aisseliers, lambrequins et tourelles.
Château de Sourcieux

Les Tilleuls

  • Les maisons de maître Ce sont des versions « moyennes bourgeoises » des châteaux et qui offrent les mêmes références stylistiques. Elles se multiplient vers la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle.
Gauthier-Dumont

Les Acacias

Maison DOUVRELEUR

Villa Autechaud

Maison MONTET

  • Les villas Dans la même période, apparaissent dans les communes du bord de Loire et dans la plaine du Forez en particulier, de nouvelles références architecturales qui se veulent modernes, influencées parfois par les styles Art Nouveau puis Art Déco. On observe une grande diversité de ces constructions et le caractère simultané de la production de cette diversité.

Trois caractéristiques : une architecture individualisée, la multiplication et la complexité du plan et des élévations (compositions des façades dissymétriques, décrochements des façades, avancées et retraits tels auvents et galeries) et l’abondance et la variété de la décoration avec des matériaux de couleur, des garde-corps et cartouches portant des inscriptions ou des motifs peints.

Le type « castel » apparaît dès le début du XIXème siècle. Il emprunte des éléments à l’architecture des châteaux des époques historiques, mais les matériaux, la composition, les couleurs et les décors sont plus modernes. Il se distingue par des plans complexes avec décrochés, façades dissymétriques avec introduction d’influence Art Nouveau.

L’Hermitage

Villa OLIVIER

Villa MILLIAREDE

Villa St-Michel

A la fin du XIXème siècle le style des cottages d’inspiration anglo-saxonne se répand : hautes toitures très couvrantes, utilisation de fermes de bois décoratives. Enfin apparaît mais assez tardivement, le type de chalet de nature plus simple.

Et enfin des architectures improbables : des folies.

Le Belvédère

Villa BRUNON

 
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